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HISTOIRE DE LA TAPISSERIE
Ung bon homme regardant dans un bois auquel a, cuire deux arbres, une grant toille d'éraigne (araignée).
Ung homme de cour luy dit:
Bon homme, dis-moy, si tu daignes, Que regardes-tu en ce bois?
LE BON HOMME
Je pence aux toilles des éraignes Qui sont semblables à nos droiz ; Grosses mousches en tous endroiz Passent; les petites sont prinses.
le r o L
Les petits sont subjectz aux loiz, Et les grans en font à leurs guises.
L'épisode du médecin Avis ou Loiseau ', pour avoir une portée morale moins haute, n'en est pas moins piquant. J^e sujet repré­sente un gros homme tenant un grand verre de vin plein et disant :
Quand je boy, maistre Jean Avis, Je ne sens ne mal ne friçon.
LE MÉDECIN
Guéry estes, à mon advis, Puisque vous trouvez le vin bon.
LA FOLLE
La taincture de vostre viz (visage) A plus cousté que la façon.
On connait maintenant le répertoire si varié de nos vieux tapis­siers. On peut donc reconstituer par la pensée l'ameublement d'une résidence royale au xv0 siècle. Les tentures de haute lice s'y ren­contrent partout, ou, pour mieux .dire, sans elles les salles se­raient nues, froides, inhabitables. En effet, ces amples et chaudes étoffes sont indispensables pour défendre l'habitant contre l'hu- . midité glaciale des vastes appartements aux parois de pierre. Le bois est rarement employé au revêtement des murs. Dans les longues galeries de réception, à hautes cheminées, se développent les grandes scènes héroïques tirées des vieilles légendes ou des exploits contemporains. Les appartements particuliers du chàte-
1 Le sieur Loiseau, médecin de Louis XI, fut un cles plus célèbres praticiens de son temps. Suivant un usage alors très répandu, il avait traduit son nom en latin, et maître Loiseau était devenu maître Avis.